Et mourir en hiver.

Impressions...

L'impression de me faire voler ma place...
Mais j'ai jamais eu de place.
Aucune importance.
Je n'en veut pas.
Je préfère regarder de loin.
Vous regarder détruire.
Vous regarder crier.
Hurler dans le vide.
Parce qu'il n'y a personne.
Personne pour vous entendre.
Personne sauf moi.
Sauf moi qui ne peut rien pour vous.
Toujours, toujours des cris.
Mais je n'entend plus.
Je rêve.
***

Elle court parmi les fleurs, et leurs corolles couvertes de rosée laissent des traînées sombres sur la dentelle de sa robe blanche, dont le bas se noircit au fur et à mesure qu'il traîne par terre en voulant la suivre dans sa course effrenée à travers las herbes folles.
Elle court en riant, ses yeux lancent des étoiles, elle sait qu'elle va retrouver son trésor, tant pis pour la robe, de toute façon, elle ne l'aime pas, elle est trop lourde, avec son col empesé raidit par la soude, et ses dentelles élégantes qui lui donnent un air de petite fille sage et bien élevée.
Elle s'arrête au pied d'une rose sauvage, d'un rouge éclatant, le même que celui qui ourle joliment les lèvres de l'enfant, vacillant de pureté et d'éclat, de nature et de vie. Elle croirait presque que la reine des fleurs lui sourit.
Elle creuse la terre humide à pleine mains, salissant joliment sa paume rosée et ses doigts fins. Et soudain elle s'arrête, sentant quelque chose cogner contre ses mains. Alors délicatement, du bout des doigts, elle elle effleure le bois lisse pour enlever la terre qui s'attarde encore dessus.
Et, doucement, d'un air grave, elle sort avec précautions le vieux coffret de chêne qu'elle a autrefois endormi la. Elle le contemple, indécise. Son trésor sera t'il encore a l'intérieur?
Le loquet de fer s'ouvre avec un claquement sec.
Sous le couvercle qui se soulève en étouffant un grincement, dort un enfant de porcelaine.
Une poupée blanche aux joues poudrées, avec un bonnet à clochette et une rode de satin délavée.
Toujours les mêmes yeux de lavandes qui regardent avec curiosité.
Rien n'a changé, depuis qu'elle a laissé là son précieux jouet, quatres saisons se sont écoulées, et pourtant la magie est toujours la même.
Ce soir, Petite retrouvera son chemin, les voies qu'elle aime et qui chantent en coeur les mêmes chansons autour du feu qui réchauffe et illumine les coeurs.
Ce soir, elle retrouvera les chemins poussiéreux où elle aime courir et s'émerveiller.
Ce soir, finis les robes blanches de petite fille sage, finis les lois et les reproches.
Ce soir, Petite retrouve sa liberté...
***
L'impression que mes mots n'ont aucune saveur, aucune portée.
Peut être que je n'ai jamais su écrire, que je n'ai eu que la chance d'aligner sans le faire exprès les mots qui allaient bien ensemble.
Et pourtant, ça m'est égal, complètement égal...
Comme ça m'est égal de n'être jamais celle qui passe en premier.
Tous ces mots de rancoeur, de haine, que je dis parfois, ne sont que l'expression d'un sentiment passager, mais les sentiments me quittent, bientôt je ne serais plus qu'un pantin articulé, qu'une poupée qui sait parler.
Qu'une enfant de porcelaine au sourire éternellement figé, avec un pincement au coeur, celui la même qui me paralyse peut à peut.
Celui qui me dit d'en parler à un médecin, je lui dis non. Pas besoin de savoir ce que j'ai, d'ailleurs ce n'est sûrement rien.
Autre chose à penser, autres choses à rêver, tant de choses à réaliser tant qu'il est encore temps.
Bientôt, je serais immobile, statue de cristal au coeur éternellement réchauffé de souvenirs.
Au revoir, mot qui m'ont accompagnée.
Je ne sais plus créer, et pourtant je voudrais réinventer un monde, réinventer mon monde, ses couleurs et ses rêves...
Aucune importance, quelqu'un crééra ailleurs, il y a 6 millions d'âmes pour créer, il y en aura bien une pour prendre ma place...
Qu'on ne croie pas que je suis malheureuse, ce serait mentir.
Je ne ressent rien.

[Dark-ever]

[Ce soir, je sais qu'il ne reviendra pas. Je n'ai pas assez de talent pour ça. Aucune importance, j'ai tenté ma chance, j'ai perdu, et peut être, quand j'aurai retrouvé assez de forces, je rejouerai, je retenterai ma chance, un jour, mais il faut du temps pour se retrouver, alos maintenant je prendrai le temps, mon temps, pour me reconstruire, et après seulement, je pourrais reconstruire un monde.]