. Attendez-moi .
Est-ce là tout ce que je peux faire?
Revenir ici pour déverser ma haine, ma rage et mes larmes?
Alors quoi. Alors, je ne sais pas.
Ce n'est pas ça que je voudrais écrire, et c'est l'espoir que je voudrais.
L'espoir d'une petite fille dure mais fragile, celui, ténu, qui la maintient sur son fil depuis longtemps déjà.
Autrefois, j'ai pleuré, beaucoup, trop, peut-être, mais j'ai pleuré en avançant, les yeux fermés, les bras tendus pour ne pas tomber. J'en ai eu des traits noirs sur les joues, et même s'ils ont fini par s'effacer, ils sont restés plantés dns ma mémoire.
Et pourtant...
Autrefois, il ya eu des jours où j'ai rayonné comme un soleil et souris jusqu'à en avoir mal aux joues. Il y a eu ces jours où je me suis cachée avec Lui dans les fleurs de cerisiers, et on riait, on s'envolait sans jamais retomber. Ces jours où on a dansé sous la pluie, ces autres où on s'est rapprochés. On formait une belle bande, quand même, avec nos bleus, nos écorchures et notre joie d'enfant qui vrillait toute la rue. Et j'étais fière, tu ne peux pas savoir, d'être la seule fille parmis vous, la seule rebelle et la seule dure. Et la princesse dans nos jeux, aussi. Mais princesse guerrière. Toujours.
Et aujourd'hui, c'est oublié, tout ça. Toi, et eux, et moi, je ne suis même pas sûre qu'on se reconnaîtrais si on se croisait. On a passé nos mains sur le tableau pour faire partir notre histoire à la craie. Tout est parti. Fini. Liquidé. Sans larmes, sans au revoir, puisque vus n'étiez même pas là le dernier jour. C'est mieux ainsi, sans doute. Comme ça, on a gardé des belles images à accrocher sur les murs de nos coeurs.
Moi, en tout cas.
Vous, je ne sais pas. Toi, qui décroche, qui te bousille. Qui t'assassine tout doucement.
Si tu savais combien j'aimerais te sortir de là.
Mais c'est fini, on est des étrangers, n'est-ce-pas...
Je le sais, que tu ne t'en souviens pas, de la gamine d'à côté.
Et toi, qui suit son exemple.
Et vous, dont je ne connais plus les chemins.
Et toi, aussi, toi, nous, et nos jeux qui duraient toute la journée. la nuit, aussi. Ton 7 et mon 2. Toi, avec ton père malade et tous tes ennuis. On se ressemblait, je me souviens, mais c'est comme ça, la vie sépare et ne pardonne pas.
Vous. Moi. C'est terminé, tout ça. Deux mots, un virage. On tire un trait sur le passé.
Mais encore aujourd'hui, vos visages sont des radeaux auxquels je m'accroche comme je peux. Je surnage, je navigue dans le passé, ce n'est pas ce qu'il y a de mieux, je sais.
Mais dans le présent, je sombre.
Vous, ce qu'il me reste. Un arrière goût d'sourire accroché aux lèvres. Un peu amer, mais sourire quand même.
Mes soleils de sale gamine.
Mais non, ce n'est pas de votre faute. Au contraire. Parfois, avec vos noms, je suis moins seule dans ma solitude. Oui. Je suis seule, beaucoup trop. C'est pas faute d'avoir essayé, mais je ne peux pas, je ne saurais pas m'approcher davantage. Je laisse filer, ces derniers temps. Je deviens plus froide, plus distante. Plus lucide, ça je ne saurais pas le dire. Je reprends l'indépendance à laquelle je n'ai pas droit, je recommence à cacher les chemins que je prend. Fin de la boucle, tout reprend. Saleté de cercle. Saleté de moi.
Regardez le, ce petit clown en carton qui vous fait son numéro.
Riez, c'est permis, et même obligatoire, amusez-vous de ses errances et de son désespoir. Oui, c'est drôle, tant qu'on ne le force pas à enlever son masque. A effacer la peinture sur ses lèvres.
Riez, riez, ça fais briller les étoiles et il n'y a rien de plus beau.
Applaudissez bien fort, ne détournez pas la tête quand il saluera. Il ne pleurera pas, il aura la même chose que vous sur la bouche. Ce même mouvement joyeux.
Il connaît son travail, il ne voudrait pas que son maquillage s'efface.
Riez, riez de lui. Il en gagnera une miette de bonheur. Il pourra se dire qu'il existe, oui, puisqu'il fait rayonner le ciel. Il en oubliera presque son chagrin. Presque. Jusqu'au soir.
Riez, s'il vous plaît. Faites ça pour lui.
Riez, ou bien attrapez le par la manche et apprenez lui la vie.
Ce beau petite clown triste, aux mouvements trop parfaits. Trop maladroits. Trp dictés. Trop faux.
Cette petite fille un peu trop maquillée. Regardez là, ça déborde de partout, ça coule sur son menton. Elle a collé trop de paillettes au coin des yeux, et ça brille de mille feux, ça éblouit, presque.
Mais qu'importe. Dans le cirque des âmes, rien n'importe, tout est beau pour ceux qui regardent.
On va dire que c'est tant mieux.
Parce-que je n'ai rien, quand je tombe. Parce-que les coeurs, ça ne se commande pas.
J'ai des étoiles, oui. Mais il est des soirs où elles paraissent beaucoup trop lointaines. Presque froides.
Mais moi aussi, prend moi dans tes bras et porte moi, serres moi contre toi comme ça n'est plus arrivé depuis très longtemps. Beaucoup trop longtemps.
Et puis non. Pas toi.
Et personne d'autre. Puisqu'il n'y a personne d'autre ici.
Pleure pas, petite fille, pleure pas. T'as tenu jusque là, va pas tout gâcher.
Oui, oui, je vais tenir. C'est promis. On va ranger tout ça dans un coin jusqu'à la prochaine fois. Et demander pardon, sincèrement, parce qu'on s'en veut de ne pas sourire...
Non, non, je vais pas pleurer. Pardon, excuse-moi, je voulais être forte et courageuse, moi. Pas dure. Pas naïve. Pas comme ça.
S'il le faut, sinon on est assez fortes, alors on mentira, aussi. Non, faut pas s'inquiéter. Non, je vais bien. Non, j'ai pas besoin que vous soyez là.
Non. Si.
Si.
Mais pardon, j'ai rien dit, et c'est peut-être une erreur, mais on a peur de déranger.
Fissurée de partout.
Pleine de bosses et de bleus. D'égratignures.
Oui, mais c'est pas les mêmes qu'autrefois.
Ceux là, ils font mal. Et ils restent. Ils frappent fort.
Mais chut, on a rien dit...
Lisènn...
[Non, ce joueb est toujours fermé.
C'est juste... Passager...]
Ecrit par Lisenn, le Samedi 30 Juillet 2005, 23:58 dans la rubrique "After Time".
Commentaires
disturb
06-08-05 à 22:26
Je ne sais pas si c'est opportun de t'écrire, même si je n'ai eu le temps que de parcourir.
En lisant la nostalgie qui emmane de ton article, ça fou des sacrés frissons ... merde je pensais pas qu'on pouvait m'en donner des comme ça, surtout quand on s'applique tes écrits à notre propre vie. Ton récit fait peur, me fait peur, mais continue donc, j'aime vraiment ^^
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Re:
Lisenn
06-08-05 à 22:39
Sourire.. Je ne sais pas si c'est opportun, mais j'aime qu'on m'écrive.. Alors merci.
Je ne savais pas que mes écrits pouvaient faire peur... Mais pourquoi pas. Au moins, ça veut dire que j'aurais réussi à faire passer quelque chose, et c'est déjà pas mal..
Et puis.. Rires.. Si déballer ma vie plait, alors je continuerais, c'est la seule chose que je sais faire..
A bientôt, peut-être...
Même si pour l'instant, j'écris plutôt là ... [Je suis en blocage sentimental avec mon joueb, mais c'est quelque chose qui m'arrive souvent, mais je reviens toujours.. C'est ici ma "maison", en quelque sorte.. ^^]
Merci, en tout cas..
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Re: Re:
disturb
07-08-05 à 22:17
Tes écrits paraissent sincères. En même temps, derrière une touche sombre, ils peuvent conter tristesse ou plaisir, à nous de prendre ce qui nous convient car pour toi ça a l'air de venir comme ça vient sans détour, sans vraiment trop chercher à mettre une réflexion ... tu écris comme ça vient, et c'est surement une des choses que je trouve la plus belle ici ^^
J'ai été très vite fascinée par l'univers que tu crée, l'atmosphère qui émane de ce joueb. Je parcours rapidement l'autre, il a un parfum différent. Ca m'arrive aussi de vouloir m'échapper de mes écrits, et pourtant, par la force des choses on revient chez soi, "sa maison" comme tu dis si bien.
Ta réponse m'a fait plaisir. En espérant te croiser à nouveau au détour de nouveaux écrits, passe une bonne soirée ^^
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Re: Re: Re:
Lisenn
08-08-05 à 01:09
Sourire.. J'essaie d'être toujours sincère, et oui, j'écris comme ça vient.. Heureuse que tu trouve ça beau.. =)
C'est vrai, l'autre est... différent. Mais toujours, je reviens, même si les pauses durent plus ou moins longtemps.. Finalement, j'écris sur l'autre uniquement parce-que je ne sais pas me retenir d'écrire, mais rien ne sera jamais aussi sincère et spontanné qu'ici..
La tienne me fait plaisir également..
On se croisera surement.. Sourire..
Bises..
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Re: Re: Re: Re:
disturb
08-08-05 à 10:40
Les plus beaux écrits sont les spontanés. Tu sais, un peu comme dans des rituels tu dois y déposer un sentiment fort, et c'est ce dernier qui va te permettre de produire telle ou telle chose ... l'écriture c'est un pareil. On écrit beaucoup mieux sous l'emprise d'un fort sentiment.
Je repasserai, ça me fait plaisir ^^
Biz toi.
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Re: Re: Re: Re: Re:
osway
10-08-05 à 15:32
c'est toujours aussi beau !!!!
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Celui que tu as appelé ...
10-08-05 à 20:28
dommage que l'on ne puisse pas laisser de message là où tu écris en ce moment (je te l'ai déjà écrit à ton adresse perso, mais tu ne sembles pas avoir reçu mon message)
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Re:
parasitemort
14-08-05 à 13:22
quel joli article tu écris là, quelles belles phrases dures et entrainantes qui me font plonger dans la tourmente, toujours plus bas, toujours plus profond, jusqu'à ce que tu donnes une bouffée d'oxygène à tes lecteurs, comme par magie, un miracle... merci
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