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Et mourir en hiver.

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... Remember me ...

Cher toi, toi dont je ne connais rien, même pas le nom.
Tu seras celui qui le voudra bien, parce-que je n'ai plus que ça à faire, jeter des bouteilles à la mer. Peut-être qu'elle se brisera contre un rocher, comme les étoiles de mon souvenir, et que on encre ira se dissoudre dans le bleu de la mer.
Alors j'oublierais.
Et puis peut-être pas.

J'ai cherché quoi t'écrire, et puis je n'ai rien trouvé.
Alors je vais te raconter quelque chose qui n'a aucun sens.
D'abord, le fond, ou bien la forme, je ne sais pas, je n'ai jamais su la différence. D'abord, un des deux, et puis ensuite, l'autre, ou bien le contraire, ça n'a pas d'importance, de toute façon.
En fermant les yeux, il y a juste le bruit du clavier, et puis par dessus, une musique. Cette chanson, je l'ai mise exprès, parce-que c'est une de celles qui me secoue un peu, et j'en avait besoin. Même si elle froisse un peu quelque chose tout au fond, parce-que celle la, j'ai pleuré dessus il n'y a même pas un an, je l'avait bannie, et maintenant que je la retrouve je me souviens de certaines morsures qu'il aurait mieux valu ne pas rouvrir.
En écoutant bien, on peut aussi entendre des cris, des pleurs, et tout ce qui compose cette chose étrange qu'on nous apprend à appeler famille.
En cousant tous ces morceaux, on arrive à reformer à peu de chose près la toile de ce qui cache derrière mes papuières closes.
Et par-dessus, il y a dessiné un drôle de débordement, une échymose qui s'étend en point de fuite et un silence désordonné dans lequel ça cogne plus qu'autre chose. De temps en temps, il y a une éclaircie et on arrive à distinguer quelque chose d'un peu moins vertigineux, une pointe de montagne qui crève les nuages, mais deux minutes après c'est terminé parce-que l'orage ne s'arrête jamais et qu'on ne peut pas aller au dessus, sinon on manquera d'oxygène, parce-qu'on est qu'humains, on a toujours besoin de respirer.
En ouvrant les yeux, je verrais des mots que j'essaierais d'assembler pour occuper mon esprit, mais il aura beau suivre au millimètre près les cours de français, ça n'aura aucun sens parce-qu'au fond je ne lis même pas. Je suis ailleurs, pas dans les nuages, non, parce-qu'on passe à travers, je suis en moi et je me débats pour m'arracher à cette obscurité profonde qui s'infiltre partout et me colle à la peau.
J'ai les mains froides.
Toujours.
Elles deviennent violettes et j'ai du mal à rester les doigts tendus, alors j'écris les mains à moitié repliées. A vrai dire, c'est mon chemin de tous les jours alors c'est quand elles se réchauffent que ça ne va pas. Si j'ai les mains qui brûlent, je suis malade.
On m'a dit que j'avais les mains d'une morte, une noyée. C'est une idée bizarre, surout qu'une noyée, je sais où il y en a une, moi. Elle a une robe blanche comme une petite demoiselle d'honneur, elle doit pas avoir plus de 10 ans, des cheveux noirs et des yeux bleux qui fixent l'éternité. Elle n'a pas de nom, et personne ne la voit, personne ne la connaît. C'est une histoire très ancienne, et je ne peux pas encore la raconter parce-qu'il m'en manque des morceaux.
On m'a dit aussi que la seule personne qui saurait réchauffer mes mains serait celle qui m'aimerait, et je ne l'ai même pas cru parce-que je suis détestable.
Et puis par dessus toutes ces choses qui ne mènent à rien, il y a ce que je voudrais dire et que j'ai déjà oublié, il y a toutes les réponses que je ne fais pas par peur de me tromper, il y l'ombre et la lumière qui bataillent dans mes yeux, il y a des prénoms que je ne peux pas oublier et sur lesquels je ne cesse de douter, il y a des larmes qui ne veulent plus couler et qui se perdent dans l'infini silence où elles sont emmurées.
Et tout ça, ça n'est rien, ça n'a aucun sens parce-que ça vient de moi et que moi-même je n'ai jamais su qui j'étais.

Et puis tu veux savoir pourquoi j'ai écris tout ça, je l'ai fait sans raison, j'avais juste besoin de me dire que je sais encore aligner des mots même s'ils ne veulent plus rien dire.

Parce-que je ne sais plus, je crois que je ne suis que mensonges, parce-que je fais des phrases trop courtes et que j'ai un gouffre à la place du coeur...

J'avais semé des étoiles pour retrouver ma route et les oiseaux les ont mangées. Je suis perdue, maintenant. J'ai besoin qu'on vienne me chercher.

Au revoir...

Lisènn...

Ecrit par Lisenn, le Jeudi 7 Juillet 2005, 23:01 dans la rubrique "After Time".

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Commentaires

...I remember you...

Alena

07-07-05 à 23:58

Il y a de ces mots qu'on ne pourra jamais vraiment écrire, juste ébauchés. Mais je sais que ce n'est pas important, cela ne change pas ce que l'on veut dire, et, au contraire, ça l'intensifie peut-être, sans le vouloir.

J'ai cherché quoi répondre, mais je n'ai pas vraiment trouvé non plus. Ca devrait paraître simple parce que j'ai osé te répondre sans vraiment te connaître. Et si les choses étaient différentes, on ne sait pas ce que se serait.
Il ne faudrait jamais oublié les chansons-souvenirs, même perdue parmi d'autres souvenirs.
Il ne faudrait jamais oublié de se souvenir tout court, oublié ce que l'on sait et ce que l'on veut.

Il arrive fréquemment qu'on oublie beaucoup de choses, comme, par exemple, que le printemps n'est pas toujours joyeux, qu'il y a des hauts et des bas mais que sans bas, il n'y a pas de hauts. Et vice versa.
On ne devrait pas oublié que la vie est un cadeau, que si l'on aime, c'est uniquement parce qu'il fait froid sur Terre, que nos qualités sont souvent dans notre dos et qu'il ne sert à rien de prétendre qu'on ne voit qu'elles, sans voir nos qualités.

Tant de choses à faire, à penser. Mais. Si on y pensait, ce ne serait plus un secret, plus une rare chose que les gens sont contents de savoir. Une touche de sagesse dans ce monde, qui a le vertige, et nous donne le vertige.  
C'est dur de se trouver... mais, si l'on est sûr de ne pas tomber sur une étoile tombée du ciel dans son jardin, on peut tomber sur la vie, à un coin un de rue, ou pire, on peut tomber sur soi. Et alors, plus de raison de préféré son monde à la réalité, plus de raison. De pleurer. Ou beaucoup moins. Mais seulement si on accepte. Parce que je suis. Et que je peut tout faire, si je le veut. Et on n'oublie alors qu'on n'aime pas certaines choses, certains gens. Peut-être que tout paraît plus doux. Ou plus durs. Ou juste paraît tout cout.

Et si cela n'a sans doute pas rapport, et si on abandonnera la lecture de ceci, et si on ne répondra pas, et si on sourira, et si... alors. Il y aura eu une conséquence. Et c'est ainsi que. L'on vit. Ou sans doute pas.

On ne récolte que ce que l'on sème, dit-on. Eh bien, moi, je ne le dis pas. A quoi bon semer si l'on peut faire autrement? Comme tout simplement attendre, sourire, vivre. Et autre chose, encore. Je ne m'y connais pas, après tout.

Et si tu veux, toi aussi, savoir pourquoi j'ai écrit cela, il n'y a pas de raison, peut-être juste une vague envie d'écrire une lettre, à un(e) Nanonyme ou à Lisènn, à Manon, à quelqu'un qui ne lira pas ou à tout le monde. 
Moi aussi je peux écrire des mots, comme ça, pour m'assurer que je sais encore écrire. Mais le sens, mieux vaut ne pas le chercher.
Et si... ? 
La vie est aussi dure à accepter que la mort, mais, pas tout le temps.

Tout est nouveau. Tout recommence.
C'était peut-être mieux avant, ce le sera peut-être mieux après. Ou ça l'est mieux maintenant.

Donne-moi la main, que je ne la prenne pas.
Ou qu'au moins, j'ai le choix...

Moi, je pars à la recherche d'oiseaux mangeurs d'étoiles. Peut-être que.
Ou peut-être pas.
Mais si je vois des lambeaux de ciel, d'étoile, je te ferais signe, que tu le voies ou non.
Et j'écrirais, comme ça, sans qu'on puisse le lire...


Re: ...I remember you...

Lisenn

Lisenn

08-07-05 à 17:57

J'ai cherché quoi te répondre également, et je n'ai pas trouvé...
Et puis toujours, on oublie trop de choses, on oublie ces étoiles fugitives qui nous éclairent juste une seconde et puis s'éteignent l'instant d'après. On oublie qu'un sourire c'est aussi grand qu'un soleil et aussi fragile que du verre, on oublie qu'il faut rire et ne pas garder les yeux à terre...

Je suis..
C'est une phrase étrange, difficle à prononcer parce-qu'elle implique qu'on se reconnaisse, mais déjà, rien que le "je", c'est lourd à porter.
Et puis c'est quelque chose à dire sans douter, sinon ça compte comme un mensonge...

Et puis déjà, se dire qu'on vit, c'est parfois dur à accepter... Parce qu'il y a la vie qu'on nous a donnée, celle sans laquelle on n'existerait pas, et puis il y a l'autre, celle qu'on peut passer des années à chercher, celle qui nous hante, qui nous fuit parfois, celle qui nous rattrappe un jour ou l'autre quand on ne s'y attend pas.
On peut pas dire que ce soit quelque chose de beau ou bien de laid, on peut juste imaginer combien c'est fragile et précieux, parce-qu'on en aura jamais la preuve et qu'il faudrait ne pas être humain pour juger.

Et puis je ne sais même pas si ça a un sens ce que j'écris, et, pour être tout à fait honnête, peut-être bien que ça n'a pas besoin d'un sens, peut-être qu'au fond il n'y avait rien à dire...

Donne moi la main, mais après t'auras plus le choix, tu devras m'emmener avec toi...

Moi aussi je vais rechercher les oiseaux mangeurs d'étoiles...
Peut-être bien qu'on se croisera.
Et peut-être même qu'on ne se reconnaîtra pas.
Et peut-être pas...

...

Merci, aussi...

[Et puis décidemment, mon prénom est étrangement connu un peu partout...]
[?]

Bises

Lisènn...


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