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Et mourir en hiver.

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... Un mercredi soir sur la terre ...

Elle marche sur la bordure du trottoir. Il fait nuit, sombre, et ses pieds nus se recroquevillent au contact glacé du gougron encore humide après la pluie. Elle écartent les bras pour se tenir droite, et elle perd l'équilibre quand même, mais au fond, elle sait bien qu'elle le fait exprès, juste parce-qu'elle aime se sentir vaciller, à la merci de n'importe quel souffle espiègle.
Elle trouble la surface lisse des flaques d'eau en marchant dedans, et elle noie son regard noir dans les reflets ondulés de la lumière sinistre des lampadaires. Elle frissonne, tremble, même, mais pour rien au monde elle ne voudrait rentrer.
Elle grimpe dans son arbre, celui dont la tempête à coupé la pointe autrefois, grimace lorsqu'elle s'écorche les mains et les pieds sur des saillies qu'elle ne peut pas voir et s'installe tout en haut, à l'abri des branches encore couvertes de feuilles. Elle se fait toute petite pour qu'on le la voit pas, mais c'est une précaution inutile, à plus de minuit, plus personne ne s'aventure dans ces rues silencieuses et sombres.
Elle compte les épines d'une petite branche pour ne rien penser.
1,2,3,4...
Pourquoi, pourquoi est-ce qu'il a fallu qu'elle vienne...
5,6,7...
Elle était tellement bien...
8,9,10,11...
Elle s'arrête. Dans sa tête, les chiffres se sont mélangés, décousus, et ont finis par se dissoudre dans une encre noire et agitée comme juste avant un orage.
Elle sent une larme rouler le long de sa joue. Elle l'essuie d'un revers de manche, et se mord les lèvres pour ne pas crier. Elle ne veut pas qu'on la voit faible, brisée, elle ne veut pas qu'on la remarque sans son masque. Alors elle se cache.
Il y a quelques heures, il y avait encore tellement de soleil dans ses yeux, tellement de chansons, de mots, de rires au bout de ses lèvres... Mais depuis que son sourire a fondu, comme de la neige au soleil, plus rien n'en sort, pas même un murmure, pas même un sanglot. Elle a la gorge trop serrée pour ça.
Elle s'accroche à une branche, la serre entre ses bars comme pour se retenir. Elle se sent tomber, tomber, elle sent l'air qui la gifle et elle entend déjà le bruit que fera sa tête en heurtant le sol. Et elle se retient, de toutes ses forces, parce-qu'elle sait que l'illusion prendra vie si elle renonce à lutter...
Aide moi...
Elle se concentre, cherche en son coeur les mots qui savent repousser l'ombre. Ils sont petits, minuscules, même, perdus dans un coin, à demi effacés, mais ils sont toujours là, et ils brillent d'une lumière douce lorqu'elle se les rappelle.
Elle se traite d'idiote, parce-qu'elle se souvient maintenant de ce qui la poussait à vouloir partir et qu'elle n'a plus voulu écouter parce-qu'elle préfère l'écouter lui. Peut-être qu'il a raison, peut-être que ça va s'arranger, mais ça fais si mal qu'à ce moment là elle oudrait déjà être loin, très loin...
Elle se griffe le visage sur l'écorce rugueuse sans le faire exprès et sans même s'en rendre compte, elle enfonce ses ongles dans la peau rêche de l'arbre et elle supplie le ciel d'arrêter de s'enfuir de ses yeux parce-que sinon, bientôt, ils ne seront plus que vides et elle lâchera tout ce qui la retient, elle relachera ses doigts et elle plongera tête la première vers le sol.
Elle a des lumières devant les yeux à force de serrer, des papillons dont le blanc vif tranche sur la nuit, elle aimerait s'accrocher à leurs ailes scintillantes et s'envoler, s'enfuir, encore, parce-qu'elle se sent faiblir, se fissurer, et que son harmonie fragile ne tiendra pas longtemps.
Elle appelle ses étoiles, mais elles voit bien qu'elles ne sont pas au rendez-vous. Elle avait d'autres visages à éclairer, certainement. Elle ne leur en veut pas, elle contemple son ciel vide et les nuages menaçants au loin, et elle finit par fermer les yeux, parce-qu'au moins en rêve elle sera près d'eux.
Et puis demain, on verra bien...

[Elle] a besoin d'eux... Plus que jamais [et pourtant]...Mais elle n'ose pas le dire... Elle n'ose pas l'écrire... Peur de déranger, comme souvent...

Lisènn...

Ecrit par Lisenn, le Jeudi 30 Juin 2005, 01:03 dans la rubrique "After Time".

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Commentaires

Tellement... moi...

petite fée

30-06-05 à 08:58

Comment dire... Juste pareil...
Masque que l'on met,
 pour se cacher aux yeux des autres,
ne pas faire souffrir ceux que l'on aime,
et le soir venu,
a l'abris des regards,
tout simplement cachée,
la solitude que l'on recherche,
laisse alors notre vrai "moi" ré-apparaître,
fragile, au grè du vent,
tristesse resurgit,
tirstesse nous gagne,
tristesse refoulée,
tristesse que l'on est...
Rêver et s'échapper,
d'un monde brisé,
où l'on retrouve enfin ses étoiles...

J'aimerais être une des tes étoiles, éclairer ton visage, réchauffer ton coeur,
te donner de la force, mais je brille sans doute trop faiblement,
cette lumière te suffirait 'elle?

Bises...



...

Lisenn

Lisenn

30-06-05 à 22:26

Sourire...

Elle suffirait, c'est juste que j'ai besoin de beaucoup de temps pour apprivoiser mes étoiles...
[Bien que ce soit surtout elles qui m'apprivoisent...]

Bises...


Celui que tu as appelé ...

30-06-05 à 19:35

"De la musique avant toute chose

Et pour cela préfère l'impair

(...)"

Verlaine (de mémoire, ça doir être dans le poème "l'Art poétique" - sinon, le lecteur avisé rectifiera de lui-même)

Aucun rapport avec le texte (quoi que ... tout a toujours un rapport avec Verlaine ...) (formule gratuite qui n'engage que moi), c'est juste parce qu'elle s'est (inconsciemment peut-être, pour être plus musicale) arrêtée de compter à onze

Et puis parce qu'il fallait bien faire le pendant avec Rimbaud


Re:

Lisenn

Lisenn

30-06-05 à 22:27

...

[elle] s'arrête toujours à 11... Inconsciemment, oui, et symboliquement, aussi... Mais ça, c'est une autre histoire... Un bout de passé...

Sourire...


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