Petite

Devant cette main qui se tendait, devant ces yeux qui souriaient, Petite s'arrêta de pleurer. Petite, c'était ainsi qu'on l'appelait, à cause de ses petites mains potelées toujours salies par la pluie et la terre, à cause de son visage candide aux cheveux emmêlés par le souffle joueur du vent, à cause de sa voix fluette et enfantine qui chantait des airs sans paroles, à cause de sa bouille malicieuse couleur miel, de son minoir gracieux et malicieux, et puis aussi parce que c'était une petite fille, tout simplement.
Petite était une enfant sans parents, mais elle était loin d'être malheureuse. La vieille mère, ainsi qu'on appelait la femme aux joues douces et ridées embaumant la pomme verte qui avait recueilli Petite, avait su conquérir son coeur et lui apprendre au fur et à mesure les notes enchanteuses de la valse à travers la vie.
L'existence de Petite était faite de rire et de passion, de chemins et de rencontres. Chaque jour, elle jouait dans la poussière des routes, s'écorchait le pieds sur les cailloux pour courir encore plus vite à la rencontre de nouveaux horizons. Et chaque nuit, bercée par la chanson tintinabulente des étoiles et l'apaisant balancement de la cariole, qui imperturbablement traçait pas à pas son destin, elle s'endormait la tête pleine de rêve, et les yeux pailletés par le sable du joyeux et dissonant marchant, marcheur invetéré des galaxies célestes qui hante les profondeur de la nuit pour donner aux enfants l'espoir d'un réveil empli de songes.
Petite avait une poupée, un enfant de porcelaine immaculé avec des joues poudrées et des yeux de cristal aux milles facettes, coiffé d'un bonnet à la cloche turbulente, qui refletaient le gaité des jours présents.
Le jour du solstice d'hiver, alors que ses compagnons faisaient rayonner la plaine enneigée de rires et de danses, Petite s'aperçut que de sa clochette enchantée il ne restait plus qu'un fil volant et sautillant au gré des courants d'air glacés d'hiver. Un désarroi poignant emplit son coeur de silence et ourla ses yeux de délicates larmes de désolation. On aurait dit que l'univers entier s'était tu pour contempler la peine de l'enfant désillusionnée, et un vide intense avait terni la plaine qui scintillait auparavent à la rencontre des flocons légers et des étoiles dorées.
C'est alors qu'un murmure, un chuchotement magique se glissa à travers les branches des arbres dénudés, faisant éclater des nuages de poussière blanche qui se déversaient en cascade sur l'herbe déjà recouverte du manteau poudré.
C'est alors que les elfes endormis depuis l'éternité s'éveillèrent gracieusement et chantèrent dans un choeur parfait leur hymne solonnel, saupoudrant le noir sombre de fragments d'étincelles qui, sublimes bulles dorées, redonnèrent au monde endormi par l'hiver une chaleur bienveillante.
Et la vois s'éleva, pure comme le chant d'une rivière, douce comme un baiser mélancolique et vibrante d'amour et de sincérité.
"Souris, Petite.
Dans ce monde de chimères, il es un précieux bouton de rose pourpre, et le jour où ses pétales vont éclore, la beauté diurne de son innocence éclairera les ténèbres du monde entier.
Tu grandira, Petite. En attendant, je vais te rendre à la joie de ton enfance"
Petite, ses yeux d'océan écarquillés, ne disait pas un mot. Elle ne comprenais pas ce que disais l'étranger, mais le son de sa voix était envoutânt et doux comme une caresse, aérien comme une plume d'ange.
Dans la main qui se tendait, brillait le présent du sonneur. L'or cuivré qui brillait dans la paume bleutée éclipsait aux yeux de Petite toutes les lumières alentours. Le sauveur des rêves lui tendait sa clochette...

[Une couleur, la première, dure à faire mais j'apprend, petit à petit. Je ne sais pas de quelle couleur il s'agit, mais toi, choisis la, et un jour, si tu veux, tu me le dira...]
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