... My soul is evaporating ...
--> I want to saturate me, want to saturate me
Petite fille...
Tu vois, hier soir, j'ai tenu ces mots là, et comme un écho, ton prénom que je n'ose plus prononcer depuis l'accident m'est revenu aux lèvres, au coeur...
Rien, juste une envie de violence, de me faire violence, de cogner ma tête au murs pour en chasser les pensées, de faire voler en éclats cet écran, cet endroit. Envie de parler à ceux qui ne sont pas là, envie de défoncer le silence à grands cris. Non, je n'écris pas bien, non, je n'ai pas un coeur grand comme ça. Mon coeur, il fait à peine la taille de ma main et les larmes en jaillissent sans arrêt parce-qu'il n'y a pas la place pour elle dedans. Mes raisons, mes secrets, le tout me ronge et me défait. Du blanc sur noir ou bien du rouge sur blanc, je veux du silence mais à travers ta présence, je veux errer dans la confiance et me réfugier dans des mots. Un torrent de chagrin, mais faut-il avoir une raison à tout? Je pleure sans mes larmes qu'on a volées depuis longtemps, je pleure avec mon corps qui s'agite, qui se détruit, qui trompe ses fausses envies en s'écorchant les mains sur une corde rêche. Rien, non, rien de plus qu'une enfant, qu'une petite fille, et le chemin qui se dessine entre mes mains n'est rien qu'une voix sans issue, le sens du non retour. Je m'envole, mais c'est dans un exil, un hurlement strident, pour libérer un peu ce qui comprime mon coeur et me voile le regard. Une brume par la fenêtre, des lumières un peu partout. Derrière les volets clos, il y a d'autres vies, d'autres joies, il y a tout sauf moi. Ma maison, la seule que j'ai jamais considerée comme ça, elle me manque, elle inscrit des croix dans mes yeux, sur ma poitrine. Je sais que je ne la reverrais jamais, on l'a déjà abbatue, le lière a brûlé, noircissant de fumée noire le ciel dans un dernier appel. J'ai contemplé sa fin derrière mes paupières closes, je l'ai entendues de loin, mais je hais les distances, ces distances qui ne sont pas de celles qui rendent heureux mais de celles qui séparent et se comptent en chagrin. Le frois m'enlace, comme jamais personne ne le fit et ne le fera. Petite fille a jamais seule, un linceul de mensonges, un sourire en crayon pour pouvoir se battre encore. Une flamme dans les yeux, ravivée par les larmes, brûlante, rebelle. A défaut d'un coeur, j'me suis trouvé un semblant de petit bout de vie. Ma vie, elle sera dans les flammes, contre les flammes, et à bout de souffle je me battrais encore pour arracher à l'étreinte noire et toxique ceux que le destin frappe à travers des murs qui s'effondrent et un paysages en feu. Oh, bien sur, ce n'est qu'une chose parmi tant d'autre, mais c'est celle qu'en ont les enfants quand ils s'endorment les yeux rivés aux rêves. Cette voix que je ne connais pas réveille mes sanglots, vous savez, je suis seulement moi, une pointe de solitude et trois quarts de petite fille, ce qui reste de souvenirs et un coeur comme mon poing, les doigts serrés, prêts à frapper l'enfant rebelle qui veut encore abandonner. C'est un combat de chaque instant, mais je suis seule, je pleure seule, et c'est seule que je m'effondre parfois, seule que j'affronte l'absence de l'espoir, le vide de ceux qui ne sont pas [plus?] là... Et si j'insultais le monde? Mais je préfère encore à la violence de certains mots la caresse d'autres, je préfère suivre les lignes de ma main et y écrire au stylo noir que j'y crois encore. Mes mots sont sans élégance, sans avenir [dénis de mon sourire, à jamais envolé?...] mais ils sont l'essence de ce que je ne dirais jamais, ils sont ce à travers de quoi il faut lire, ils sont les lignes transparentes, les chemins jusqu'à moi. Si quelqu'un veut m'approcher, qu'il vienne, mes étoiles sont là pour guider, mais qu'il le sache, qu'il le retienne, la route est longue, et moi je suis trop compliquée, une petite fille au corps trop grand, au coeur trop gênant, trop encombrant, qu'il sache que le paradoxe s'esquisse ici, mais qu'à l'exemple du ciel il est à l'infini. mais le temps est trop long, trop court, imparfait, je perds mes pensées sur un océan d'argent, je m'y noie, mais la flamme brûle toujours en moi, et demain si tu m'emmène, je me relève encore une fois...
Petite fille, j'entends ta voix qui se mêle à mes sanglots, je sens tes doigts qui s'entrelacent aux miens. Cinq ans que je t'attend, que tu fuis les vivants, cinq ans qu'un camion sur une autoroute a mis fin à tes jours. Maintenant je sais, je crois, que tu vis à travers moi, en moi. Tu vois, je n'ai pas trahi mon serment, je n'ai pas grandi, quoi qu'en croient les grands, toutes les deux, le temps nous à épargnées, même il n'a pas épargné nos coeurs, il a fait couler nos larmes comme autant d'étoiles qu'on vole au ciel quand on ouvre les yeux. Oui, c'est vrai, j'ai changé, mais je l'ai fait pour nous, je ne l'aurais pas fait sans toi, sans savoir que tu m'aurais donné ton accord. Je me souviens de nous deux, ensemble, tu sais...
Deux petites filles avec les mêmes prénoms, les mêmes visages, au point que dans la rue on les aurait confondues, mais on était pas du même monde, on avait chacune notre côté du miroir, chacune un monde identique mais différent de nom et un rôle à y jouer. Personne ne se souvient de toi, petite fille, sauf moi, sauf nous.
Sur mes mains sont gravées nos promesses, et pardonne moi d'avoir tenté de les effacer, mais comprend moi, tu étais tout, tu étais moi, je ne pouvais pas regarder ces lignes sans me souvenir que tu n'étais plus là. Dans leurs yeux, je te vois encore, moi je te trouvais si jolie, avec ce sourire qui n'appartenait qu'à nous, avec nos ombres et nos lumières, et toi tu me disais pareil, parce-que nous on n'était qu'une et on était la même. Je t'ai trouvée belle même endormie sur la route, ma route, même quand les sirènes hurlaient et qu'une tâche rouge grandissait sur ta robe blanche, même quand ils ont fermé tes yeux alors que je leur disais qu'il ne fallait pas et que tu voulais encore regarder les étoiles. Moi, je voulais croire que c'était faux, alors je ne m'inquiétais pas, je ne pouvais pas m'imaginer qu'on serait séparées, ce n'est que quand je les ai vu t'emporter que j'ai compris que cette fois là ce n'était pas un jeu. Les lumières se sont tues, et la route a continué, loin de toi, loin de nous, loin d'un monde qui déjà n'existait plus.
Petite fille, on était plus qu'amies, plus que soeurs, on s'aimait pas d'amour, on s'aimait comme seuls s'aiment les elfes et les fées, comme seuls savent aimer ceux que l'on ne comprend pas.
On était liées à la vie, à la mort, pour l'éternité et au travers des filets de la réalité. Tu étais moi, j'étais toi, c'était comme un jeu au singulier, ton existence était mienne et ma vie t'appartenait.
Je tente d'écrire, mais je ne fais que pleurer, toutes ces larmes que je n'ai pas voulu verser quand tu as rejoins ton ciel et ses âmes oubliées, toutes ces larmes qui n'ont ruisselé qu'à l'intérieur, je les offre au vent aujourd'hui, maintenant.
Mais tu sais, je voulais te dire seulement, qu'au delà de nos vies, au delà de nos mains qui se serrent à travers les miennes, je, tu, nous, on réalisera notre rêve, je te le promets. On sera comme le rêvent les enfants parfois, même si c'est dur, même si ça fait mal certains jours, c'est juré je n'adandonnerais pas.
On à rien a prouver à personne, juste à nous, juste parce-que c'est de nous qu'on veut avoir le droit d'être fières, juste pour se sentir à la hauteur de l'amour qui gît dans nos deux coeus qui battent à l'unisson, parce-que dans nos deux chants, il n'y a qu'une seule voix, la notre, parce-que le soleil n'est pas à la hauteur de ce qu'on peut attrapper, parce-que la lune à déjà trop veillé, parce qu'à la vie, à la mort, j'ai ton prénom dans le mien, parce-que mes mots ne veulent plus rien dire dès que les sentiments s'en mêlent, parce-que j'ai déjà trop pleuré... Je, Tu, Nous, On se relève encore une fois...
Petite fille... Mon message ne veut rien dire... Mais toi, tu comprendras...
Parce-qu'au dela du miroir, au dela de la frontière entre les vivants et les morts, on est liées...
[My soul is evaporated, I want to saturate me, want to saturate me...]
Ecrit par Lisenn, le Dimanche 15 Mai 2005, 18:03 dans la rubrique "After Time".
Commentaires
laptesorciere
18-05-05 à 14:49
Ton histoire est bien triste.... J'ai leur coeur tout serré à la lecture de ces mots... La perte d'un etre cher est horrible et je comprend ta douleur... Pleure et pleure encore si cela te fait du bien.. C'est ta manière à toi d'exprimer qu'elle est touours en toi et le restera toujours...
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Re:
Dark-ever
20-05-05 à 23:51
[...]
*pas les mots pour répondre...*
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