Les regards de l'aurore.
Oh, et voila, j’ai perdu mes mots. Encore. Pourtant, j’aurais beaucoup
à écrire, de tous les jours, toutes les nuits qui s’écoulent, et se
ressemblent tous. Mais je suis fatiguée, ma tête est enlisée dans un
brouillard étrange, un étau brumeux. Chaque regard que je porte est
agité de vagues, chaque visage qui me fait face se déforme et tangue
furtivement. Je promène mes mains sur mon front, mes joues,
maladroitement, parce qu’elles sont froides et que la fraîcheur m’aide
à garder l’esprit sur terre. Et puis, si le monde se met à clignoter, à
déteindre, alors je m’assois, et j’attends que le monde reprenne ses
couleurs. Je suis fatiguée.
Je n’ai pas envie de retourner là bas. De retrouver ma chambre, la 108,
et toutes ses habitudes et locataires futiles. De refaire les même
gestes qu’on à déjà répétés des milliers de fois. De revoir les
expressions de leurs visages que je connais déjà par cœur.
Et moi, eh
bien moi, je me tairais et j’irais voir ailleurs. Parce que je n’ai pas
ma place, entre ces murs. Je sais que je perds mon temps, mais je le
perds aussi pour lui, alors je reste.
Un jour de semaine, ça ressemble à une chanson triste et monotone.
Ces journées, ce ne sont que des putains de cercles vicieux qui se referment sur moi. Pathétiques, de surcroît.
Malheureusement, les week ends ne valent pas mieux. Pas plus.
Ils sont tout aussi destructeurs.
Ici, il n’y a pas d’horaires à écrire. Mais tout se ressemble, quand même.
Finalement, ce n’est pas une vie. Juste une histoire banale. Une perte
de temps, à vivre, comme à lire ou à raconter. Mais je ne sais pas, ce
n’est pas moi qui écris, ce sont mes doigts. Moi, je m’endors. Je
m’endors, toujours, n’importe où, mais les yeux ouverts. Sans y arriver
vraiment. En flottant dans le vague, juste somnoler, finalement.
Je remplis de lignes, en vain. Mais plus je mets de mots, plus ils
comblent mon vide, et moins j’ai le vertige. Le vertige à me regarder,
à croiser mon corps dans un miroir ou une flaque d’eau.
Ecrire, en oubliant toujours l’important. En s’attardant sur les
détails lisses, sans émotions. Parfois, j’aimerais moi être un mur et
ne pas me les prendre. Parfois, j’aimerais savoir aimer.
Parfois aussi, j’entends les autres. Et je n’aime pas les entendre
murmurer, chuchoter en pleine nuit, téléphone allumé. Je n’aime pas,
parce que moi je ne sais jamais qui appeler. Elle est loin, il ne
m’écoute pas. Le reste du monde, lui, m’oublie et ne me retient jamais.
Alors parfois, j’ai peur de ce que je pourrais faire, et de n’être
ensuite plus là pour le regretter.
Mais moi j’aimerais savoir écrire les rires et les sourires. Ceux qui
sont vrais, ceux qui sont rares mais qui redonnent de l’air pour toutes
les semaines à venir. Je voudrais qu’on garde de moi les instants
joyeux, les reflets du soleil dans l’eau, sur les cristaux de glace ou
sur les cheveux. Je voudrais qu’on se souvienne de la chaleur qui
habite les mains quand elles se rejoignent, de l’étincelle qui lie
entre elles toutes les âmes solitaires et qui ne savent plus où aller.
Je voudrais sortir toutes les têtes de l’eau, rattraper le temps, celui
perdu, et l’autre délaissé.
Je voudrais certains jours ressembler aux étoiles plutôt qu’à une cascade.
« Tu ignores je le sais Qu’on peut mourir d’aimer… »
Ecrit par Lisenn, le Samedi 4 Mars 2006, 19:29 dans la rubrique "After Time".
Commentaires
Decayed
06-03-06 à 10:29
Content de me voir parmi tes liens, ici.
Content de te relire à nouveau.
Repondre a ce commentaire
Re:
Lisenn
11-03-06 à 10:37
Sourire..
Et ça me fait plaisir de te voir par ici, vraiment.
Repondre a ce commentaire
Sincérement....
nouvelami
07-03-06 à 16:21
Tes commentaires me sortent la tête de l'eau....
Et il y a des jours où pour moi tu ressembles à une étoile et non à une cascade...
Bises.
Repondre a ce commentaire
Re: Sincérement....
Lisenn
11-03-06 à 10:38
Merci...
[Et que dire d'autre ?]
Bises
Repondre a ce commentaire