Et mourir en hiver.

... Interro surprise ...

--> malgré le début, c'est une histoire, hein

1) Qu'est ce que l'humanisme?
2) Que font les humanistes?
3) Quels sont leurs buts?
4) Qu'est-ce que la "République des lettres"?
5) Citez 3 inventions qui ont révolutionné la vie quotidienne.

Elle regarde distraitement la feuille sous ses yeux, lit les questions, affiche un visage perplexe, fait mine de réfléchir et puis retourne le bout de papier et le repousse dans un coin de la table. Elle n'y trouve aucun intêret.
Alors elle ramène ses cheveux devant elle, ferme les yeux, pose la tête sur ses bras croisés sur la table et oublie le réel pour regarder l'Ailleurs où elle vient de s'échouer.

Devant elle, un sombre escalier de pierre noire s'enfonce vers l'inconnu, éclairé par un pâle néon tremblotant qui ne diffuse plus qu'une lueur à l'agonie. Elle se tient sur la plus haute marche, les doigts posés sur la rampe froide en fer forgé qui coure tout au long des marches. Elle ne dit rien. Elle écoute, muette, un claquement étouffé retentir derrière elle et résonner étrangement, signe que la porte de chêne finement ouvragée vient de se refermer. Elle serre un peu plus la rampe entre ses doigts et pose doucement le pied sur la dalle ancienne de la marche inférieure. D'en bas, lui parviennent des sons étranges, des sortes de sifflements et des échos qui se répercutent curieusement. Elle descend d'abord lentement, et puis elle dévale les marches en courant, de toute façon, elle ne risque rien, alors elle se précipite dans les entrailles de cet autre monde. Arrivée en bas, elle s'arrête, éblouie par la lumière. Elle se frotte les yeux, et puis regarde, étonnée. Des gens passent sans la regarder, ils parlent, ils rient, et puis ils continuent leur chemin. Ils ne sont pas les seuls ; des dizaines d'hommes, de femmes et d'enfants marchent dans la même direction. C'est comme une rivière humaine qui suit son cours, imperturbable, en direction d'une chose mystérieuse, géante, nimbée de noir et enveloppée de nuages de vapeur d'un blanc éclatant. Elle se décide à les suivre, intriguée. Elle copie ses pas sur les leurs, sautille en passant sur une marelle dessinée là on ne sait pourquoi mais ne revient pas en arrière une fois arrivée sur le "ciel". Enfin, quelque chose émerge de la brume. L'étrange objet possède des roues immenses et des escaliers de fer un peu rouillé pour y entrer. Sous ses pieds, elle sent des grviers qui se dérobent, aussitôt remplacés par d'autres, alors elle fait attention pour ne pas tomber, et elle passe, à la suite des autres, par dessus des rails aux reflets métalliques. Elle sourit. C'est un train, un peu étrange et un peu vieillot, mais un train quand même. Elle monte derrière d'autres, elle s'asseoit dans un fauteuil de velours rouge trop grand pour elle et elle regarde la fumée danser et se contorsionner dans des arabesques envoutantes derrière la vitre où, d'emblée, ses doigts fragiles ont dessiné trois étoiles à cinq branches, un peu maladroites. Les bruits de pas se font moins nombreux, et puis finissent par s'éteindre. Tous les gens sont assis. On les entends chuchoter joyeusement. Un coup de sifflet retentit à travers le brouillard, et le train s'ébranle en douceur. Il crâche une bouffée de vapeur et puis commence son voyage. Le convoi quitte la gare souterraine en s'essouflant un peu dans la montée, roule un peu à travers la ville endormie pour prendre son élan, et puis le train s'envole, laissant derrière lui les dormeurs et les lumières tamisées qui bientôt ne sont pus que des petits points lumineux qui se fondent dans l'obscurité.
C'est beau dehors, c'est beau la nuit, c'est beau les étoiles. Elle reste muette, trop émerveillée pour prononcer un mot. Ses yeux boivent le paysage qui se réfugie dans un coin de son coeur. Le temps n'existe pas, ici.
Mais déjà le train fait grincer les rails engourdis, les graviers s'envolent et le convoi s'immobilise dans un chuchotement rauque. Elle doit descendre...
Elle ne sait pas où elle est. Dehors, il n'y a qu'une plaine de poussière brune, écrasée par un soleil ardent, qui s'étend à perte de vue. Le vent soulève des nuages de sable qui lui griffent les joues, lui font pleurer les yeux, et viennent rebondir dans un claquement sinistre sur les portes fermées du train qui reprend déjà sa route. Bientôt, l'horizon l'avale, et les rails se mettent à fondre en petits grains bruns qui finissant par disparaître totalement, petites poussières parmi les poussières. Elle est seule, maintenant. Perdue au milieu d'un désert vorace. Elle s'interroge, perplexe. Jamais une Porte des Rêves (*) ne l'avait emportée dans un endroit aussi étrange et hostile. Mais soudain, le vent tombe, et c'est le sol qui se met à onduler, qui se convulse et se déchire ça et là. Désequilibrée, elle tombe à genoux, elle s'écorche les mains sur le sable rêche, mais elle ne le sent pas. Elle regarde, effarée, une fissure noire qui nait, craquèle le sol et s'élargit, s'avance vers elle. Le trou grandit, devient abîme, et toujours, il rampe vers elle avec un grondement sourd. Elle sent les petits grains glisser sous elle et se précipiter dans la gueule béante, elle les voit disparaître, avalés; et la peur l'enlace, soudainement. Elle glisse, elle aussi. La fissure à déjà mangé tout le désert devant elle ; il n'y a plus que du noir à perte de vue. Est qu'elle aussi va finir mangée?...
Mais d'un coup, tout s'arrête, même la cascade de poussière qui tombe suspend sa chute un instant. Et le brun se met à vibrer, à résonner d'un douce mélodie... Il flamboie, devient rouge sans, puis doré. Le silence se trouble d'un bruissement régulier, joyeux. L'abîme à disparu. Devant elle s'étand une mer bleu pâle aux reflets d'argent. L'eau semble suivre un chemin invisible, elle arrive de nulle part et disparaît dans l'inconnu, et pourtant, elle est toujours là, glissante, fuyante, silancieuse, mis à part quelques clapotis nonchalents lorsqu'elle se cogne à la terre. Le sol est comme recouvert d'un épais manteau de poudre d'or, douce comme une caresse, légère comme l'air et si fine que l'on a du mal à en distinguer les grains. Des petites fleurs aux couleurs de l'arc-en-ciel pointent timidement leurs jolies têtes à travers le sable doré. Elle trempe ses pieds dans l'eau, elle tape pour troubler l'onde pure et faire s'envoler quelques gouttes scintillantes qui font des tâches sur le sol brillant et puis disparaissent en un clin d'oeil. Elle rit. Elle à déjà oublié. Elle est bien, là. Elle voudrait y rester pour toujours, pour l'éternité...

-Posez vos stylos. Je ramasse les copies.

Déjà? Elle soupire, esquisse une moue boudeuse aux traits enfantins, gribouille maladroitement son nom dans un coin de la feuille restée désespérément blanche et puis la tend en souriant, même si c'est un peu forcé... Elle aurait tellement voulu rester dans son rêve...

(Cette histoire est la pure vérité...)

* Il faudrait que je vous explique en quoi consistent les Portes des Rêves, mais il me faudrait sûrement plusieurs articles pour essayer de vous montrer... Je ferai ça un jour... :) En attendant, je vous laisse imaginer...

[...]

Ecrit par Dark-ever, le Vendredi 11 Mars 2005, 21:55 dans la rubrique "After Time".

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