Et puis j'écris...

Et puis j'écris, j'écris, des choses sans intêret, sans avenir, juste pour écrire juste pour le plaisir d'aligner des mots...
***

Autour d'elle, il y a des cris, toujours plus forts, toujours plus aigus, c'est à qui déchirera l'autre en premier. Elle ne leur dit même pas d'arrêter. Qu'ils se battent, qu'ils s'entretuent, cela n'a pas d'importance, puisque c'est leur choix. Ils ont choisi d'être petits soldats cruels, elle a choisi d'être feuille morte portée par le vent, elle a choisi d'être goutte d'eau scintillante dans les eaux tumultueuses de la cascade, elle a choisi d'être rayon de soleil sur la peau des enfants malades, elle a choisi de trahir les démons, elle a choisi d'être ange déchu.
Alors ils frappent, alors ils hurlent dans le monde brisé, alors elle se tait et s'enferme la tête de ses mains fragiles.
Alors ils haissent, alors ils défigurent, alors elle soupire et pleure dans l'ombre.
Ils sont aveuglés par leur propre sentiments, ils ne voient plus le monde en dehors de leurs opinions, et ils ferment leurs portes, se crèvent les yeux, et elle souffre de voir son monde ainsi mutilé.
Et quand ils s'endorment, quand enfin l'écho de leur armes destrutrices s'éteint, elle sort furtivement de sa cachette parmi les étoiles, et réinsuffle la vie aux fleurs arrachées, aux enfants défigurés, aux arbres déracinés.
Elle caresse les plaies pour les refermer, serre contre elle le sang de la terre, toxicomane involontaire, pour lui rendre sa pureté.
Elle embrasse les rivières qui pleurent en charriant les corps pour les refaire chanter, elle offre aux victimes innocentes un pays de rêves pour remplacer l'immobilité glacée dans laquelle on les as enfermés.
Elle sonne à toute volée les cloches du voyageur, pour faire pleuvoir les rêves sur les champs de bataille endormis et tenter de changer l'âme impitoyable de l'être humain.
Elle redonne aux astres fatigués par les ténèbres un soupçon d'étincelles pour faire fondre les carcans de pierre autour des coeurs.
Elle efface les tâches de liquide irisé que la poussière des chemins, la gorge sèche devant l'éclat des regards vide, a bue sans le faire exprès.
Et puis, espiègle, elle offre aux nouveux-nés un fragment d'âme de poète, des étincelles de jugement, et le don d'aimer, pour qu'un jour l'un d'entre eux se rebelle contre la Dame Noire qui possède ses semblables...
Enfin, juste avant que le soleil ne revienne poindre, elle contemple son oeuvre éphémère, tout en sachant que bientôt, très bientôt, elle devra tout refaire. Mais pour connaître cette paix, pour entendre encore les rires pleins de gaité, alors elle reviendra chaque nuit, et chaque jour, elle se cachera pour ne pas entendre...
***
Et puis j'ai la migraine et la tête qui tourne, alors je vais m'arrêter là ...
***
[Dark-ever]