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Et mourir en hiver.

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Elle est assise dans un coin, les yeux fermés. Derrière, dansent des couleurs décousues, des images incohérentes. Une musique étrange, loin, très loin, qui l'attire et l'entraîne dans un long couloir de lumière sombre. Au fond, une silhouette immobile dont elle ne se rapproche jamais même en courant. Un sourire énigmatique sur ses lèvres, et des yeux comme une fenêtre sur la nuit.

Des étoiles, parfois, comme une guirlande de noël clignotante. Des éclairs, aussi. Elle regarde sa main, mais elle ne la voit pas. Il n'y a que du vide, quelques bouts de nuages comme du coton, mais pas de terre ni au loin, ni au dessus, ni nulle part. Du piano, des violons. Une voix. Qu'elle connaît mais n'identifie pas. Des larmes dans les yeux, mais lorsqu'elle veut les essuyer du bout des doigts, ses joues sont toujours aussi sèches, aussi douces.
Elle tente d'appeler l'ombre, mais elle sent des fils retenir ses lèvres. Elle voit son reflet dans l'air, partout. Une petite fille dans un coeur trop grand. Elle se trouve un air triste, si triste. Bouche cousue. Des cicatrices au fond des yeux, de l'incompréhension, des larmes retenues. Un "je t'aime" qui s'y promène, aussi. Mais à qui l'adresser? Personne ne peut, ne veut, ne doit l'entendre. Le savoir est pour elle, uniquement. La blessure aussi.
Le garçon sans nom se met à rire, sans bruit, et l'air tremble, se fissure, des morceaux de ciel se détachent et tourbillonnent avec de s'écraser sur les étoiles. Et puis l'air frémit un instant, et tout redevient comme avant. Il la fixe de ses yeux aveugles, remplis de noir comme si on les avait coloriés à l'encre, et il souffle du bout des lèvres des mots qui s'enfuient dans un autre monde, un autre temps.
Il fait un geste mystérieux de la main, un signe dessiné dans le vide. Elle comprend que ces yeux qui ne voient plus, ne sourient plus, ne pleurent plus, ce sont les siens.
Elle voudrait lui dire qu'elle l'aime, mais il n'existe pas. Elle voudrait se réfugier dans ses bras, mais ils sont faits de poussière. Elle voudrait qu'il lui parle, mais les images ne parlent pas. Il n'est qu'une invention de son esprit malade, un détournement de la réalité. Elle ne l'aime pas. Elle se le fait seulement croire, pour oublier la vérité.
La lumière vient d'une lune qui flotte loin au dessus d'elle, mais sa surface est ridée, trouble comme si ce n'était qu'un simple reflet dans l'eau. L'astre est rouge, un rouge éclatant, sanguin, si brillant qu'elle doit en détourner les yeux. Pourtant, la lumière est blanche, puis bleue, puis noire, puis elle reprend l'arc en ciel, recommence son tour et ne s'arrête jamais. L'univers en entier change avec elle.
Ses cheveux ruissellent sur ses épaules et odulent légèrement, comme s'il y avait du vent. Ce n'est que le souffle calme et régulier du monde endormi.
Elles les distingue, maintenant, les limites de ce lieu. Une fine membrane dorée, circulaire. Elle est exactement au centre. Une bulle, oui, voila, une bulle, hermétique, légère, qui s'envole et l'entraîne loin des vivants. Elle se remet à marcher, doucement, et s'en va toucher les parois frémissantes à l'odeur amère du savon. Il est derrière, il sourit, toujours, l'invite à le suivre d'un mouvement de la tête, puis, voyant qu'elle ne peut pas, hausse les épaules, se retourne et s'en va.
Elle voudrait lui hurler, mais ses lèvres cousues sont des gardiennes impitoyables. Elle met toute sa volonté, toutes ses pensées pour les détruire, elle les sent s'évaporer, mais il est trop tard, sa silhouette se fond dans la brume, et bientôt il n'y a plus rien qu'un vide aux couleurs changeantes.
De sa voix rauque, cassée, brisée d'avoir si longtemps été oubliée, elle commence à murmurer les paroles d'une chanson. Une vieille chanson, chagée de souvenirs. Les mots sortent difficilement de sa bouche, se heurtent à une résistance inconnue. Elle hésite, trébuche sur les lettres. 
Comme un fou... va... jeter... à... la mer...
Une bouteille... vide... et puis... espère...
Qu'on pourra lire... A travers...
SOS... écrit... avec de l'air...
... Je... dessine à... l'encre... vide...
Un désert...
Elle sent son coeur devenir lourd et les paroles prendre vie. Oui, un désert, il n'y a qu'un désert de vide et de mots perdus. Un fantôme pour le hanter. Personne pour casser la bulle...
Mais un jour, peut-être... Qui sait?

...

Elle est toujours assise dans un coin. Elle ouvre les yeux. Les gens qui passent sans la regarder ne sont pas les mêmes, mais les bâtiments, eux, n'ont pas changé.
Elle sait que ce n'est qu'un décor, un artifice. Des images collées sur du carton. Ce n'est pas ça, voir...

Verra-t-elle aujourd'hui arriver quelqu'un?

[Dark]

Ecrit par Dark-ever, le Jeudi 5 Mai 2005, 17:33 dans la rubrique "After Time".

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Commentaires

Bibasse

Bibasse

05-05-05 à 19:32

Pour se dire que l'on se sent seul...
Nous sommes tous des enfants assis attendant la pluie.


Lissadell

Lissadell

08-05-05 à 14:25

C'est beau... Et puis ces paroles de Balavoine... J'aime cette chanson.
Je suis certaine que quelqu'un arrivera, pour toi.
Bises...


Re:

Dark-ever

Dark-ever

08-05-05 à 14:46

Je te remercie... J'aime aussi beaucoup cette chanson...

J'espère... Enfin, on verra bien :-)

Bises...


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