Et mourir en hiver.

Ange

Je te vois, petite fille, qui dort paisiblement, un sourire aux lèvres, et ton souffle léger résonne comme un chuchotement magique dans la pénombre. Tu as l'air si paisible, si heureuse, et si sage, avec tes boucles brunes étalées gracieusement autour de ta tête qui accentuent encore un peu plus la pureté de ton visage de petit ange, et le silence qui t'entoure est comme un murmure qui veille sur tes rêves.

Demain, tu t'éveilleras, et un frisson de gaité parcourera toute la maison endormie. Tu empliras l'air de tes rires, de tes cris de joie, devant les paquets qui s'amoncellent sous la sapin que tu as si joliment et si naïvement décoré. Ton empressement à déchirer les paquets de papier réveillera ceux, moins pressés, qui ont oublié leurs rêves d'enfants. Tu t'émerveilleras devant les trésors qu'on t'offre, avec toutefois ce petit pincement au coeur de voir que ton souhait ne sera pas exaucé, mais la magie de noël reprendra vite ses droits, et ton sourire reviendra encore plus éclatant.
Demain, tu danseras avec les autres, et les étoiles dans tes yeux brilleront plus fort que jamais, parce que tu auras en toi l'espoir des lendemains.

Petite fille, toi qui dort avec tant de rêves, tant de choses à réaliser, promets moi que tu n'abandonneras jamais l'innocence qui te porte, que toujours tu resteras aussi espiègle et sincère, avec tes expressions graves et spontanées.

Mais déjà, tes yeux papillonent, tes mains s'agitent, déjà tu murmure ta chanson au soleil qui s'éveille, et déjà je dois m'en aller. Prends bien soin de toi, petite fille. Si tu savais combien il est important d'avoir en ce monde des petits êtres comme toi, fragiles et délicats, mais si innocents, car seuls les âmes purs comme le tien savent faire sourir le ciel quand il se ride face à la violence d'autres hommes, seuls les sourires comme le tien savent faire fondre la glace et illuminer les coeurs. Ton enfance est précieuse, petite fille, ne fais pas comme d'autres et ne l'oublie jamais.

Et l'ange effleura une dernière fois le front de l'enfant qui s'éveillait de ses lèvres douces et légères comme la caresse de l'air, avant de s'en retourner vers son ciel si lointain et ses étoiles si belles, volant à travers les milliers de flocons guillerets qui valsaient, larmes de joie du sonneur éternel, du voyageur céleste.
 Mais dans les yeux profonds de l'enfant brillait une nouvelle lueur, et, tendant la main vers le ciel, les joues rougies par le frottement de l'oreiller, elle fit un signe enfantin et maladroit, mais dégoulinant d'amitié et de spontanéité, pour dire adieu à son ami.

Joyeux noël à tous

[Dark-ever]

Ecrit par Dark-ever, le Vendredi 24 Décembre 2004, 19:14 dans la rubrique "After Time".

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