Et mourir en hiver.

... Fissure ...

La sonnerie du téléphone défait soudainement le silence obsur dans lequel je m'étais réfugiée. Je ne veux pas répondre. Tout en moi me crie de ne pas bouger, de faire semblant de ne rien entendre. Et pourtant je me lève, je décroche. On me prend pour mon frère. Mais ça m'est complètement égal. Je bafouille quelque mots dont je ne comprend même pas le sens, et puis je raccroche, et je me réfugie devant l'écran, blessée...

J'ai mal. C'est rare que je m'effondre ainsi. Aucun mot, aucune phrase ne saurait me réconforter en cet instant...
J'ai mal. Je suis plongée dans des souvenirs douloureux, et je m'y perd, mélancolique d'un autre temps qui plus jamais ne renaîtra...
Je baisse les yeux, vaincue par un autre soleil, un autre feu, celui qui brûle et détruit mais ne réchauffe pas.
J'ai mal, sans trouver la raison, mais la fissure est là, elle est visible même les yeux fermés. Le précipice noir où mes doigts qui faiblissent ne tarderont plus à m'abandonner. On ne peut pas me rattrapper. Le "on" est trop lointain. Il n'aura pas le temps de tendre la main.
J'ai mal, et je cherche ses larmes qui ne veulent pas venir. Je les dessine au crayon noir, comme pour faire illusion, mais rien ne change...
J'ai mal, et puis c'est tout... Le temps finira par effacer ça, et puis un autre jour, il me le redonnera... C'est son devoir de ne pas laisser les coeurs se figer éternellement... Il doit les faire rester humains...
J'ai mal... Mais peut-être qu'ainsi, je suis plus réelle...

- Pourquoi vois-tu toujours le monde en noir Manon?
- Parce-que le monde Est noir...
- Tu mens... Ne vois-tu pas ces étoiles au dessus de toi?
- Petit Ange Déchu... Ce à quoi tu t'accroche, ce ne sont que des morceaux de rêves... Ils ne seront jamais réalité... Tu le sais...
- Mais...
- Vois-tu ces fleurs qui fânent, ces visages rongés par la fatigue et la douleur?
Vois-tu seulement le monde autour de toi? ...
Vois-tu les roses noires du chagrin? ...
Vois-tu les larmes rouges au coin des lèvres?...
Vas t'en, petit Ange Déchu, laisse moi, toi aussi, tu es un bout de verre tranchant, rempli d'espoir, mais éclat quand même...
Vas t'en, regarde comme tu écorche mon coeur, comme tu le fais saigner...
Vas t'en... Mais je sais bien que tu ne peux partir... Tu es Moi, et Je suis Toi...
Alors reste... Et confie tes yeux griffés par l'absence de larmes au premier passant qui voudra bien te répondre...

[...]

Ecrit par Dark-ever, le Samedi 19 Mars 2005, 22:27 dans la rubrique "After Time".

Repondre a cet article