Et mourir en hiver.

[Entre moi et le soleil]

Je suis partie il y a si peu de temps, et déjà, je reviens, en pleurant. Je m'enferme pour ne plus voir le soleil, je voudrais qu'il pleuve pour pouvoir laisser mes larmes couler.
Mon ciel est vide comme ça, et je m'en veux de ne pas savoir désaimer, de ne cesser de vouloir effleurer ces vies qui ne m'appartiennent pas.
Hier, encore, j'aurais supplié qu'on me tende la main, qu'on m'aide à porter ce qui me dévore, mais j'ai compris, je crois. Je ne demanderais plus, je reste seule.
J'aurais voulu m'éteindre comme la petite flamme de cette bougie, mais le vent à beau souffler, mes yeux ont beau cracher des rivières, je reste la même, à demi vivante, à demi effacée.
Mon coeur je vais l'emmurer, je crois, qu'il cesse d'asphyxier mes pensées, qu'il ravale tous ces mots que je ne peux même pas dire.
Et parce-que je ne veux pas vivre simplement pour mourir, parce-que mes mains ne savent plus rien écrire, je perds l'espoir d'être aussi impuissante.
Dehors, la nuit vient caresser le monde, elle m'aveugle et m'emporte, mais ne m'accorde pas l'oubli.

Petite fille au coeur de verre... Tant de fois brisé, puis recollé...
Elle s'est coupée profondément sur ces éclats, maintenant elle part à la dérive, elle s'enfuit, elle sombre quand elle voudrait s'envoler.
Croire encore qu'on peut disparaître en fermant les yeux.
Les histoires se dessinent, les visages se déguisent...

Tout part en fumée devant moi, je sais où je vais, un fragment de ce que je deviendrais, mais je ne sais rien de ce que je rencontrerais là-bas. Je sais que toutes ces phrases ne sont que des errances, qu'avant la condamnation il me reste une chance, mais devant moi les lendemains s'éteignent, les pas s'éloignent et ma peur grandit de ne pas être à la hauteur de ce que la vie attend de moi.
Le verbe aimer hante mon regard, je le déchire à chaque seconde et chaque instant il renaît de ses cendres.
Chaque larme le long de ma joue est comme un cri fiché en plein coeur, mais je n'ai plus l'envie d'hurler pour qu'on vienne à mon secours, plus la voix pour mentir au jour qui s'en va, je ne sais plus comment retenir ce qui me file entre les doigts.
Dans ma tête les rêves s'efilochent, heurtés par la réalité, je perds l'innocence dont je me suis bercée, l'enfant vacille et l'ombre grandit, j'espère tout en fracassant mes espérances.
En silence, je formule des voeux qui sûrement ne se réaliseront pas, je m'efface ou bien je me débats, rien ne ressemble à ce que j'imagine, si ce n'est peut-être la chute.

J'attends que ce silence vole en éclats, mais il s'éternise et mes yeux se ternissent.
Ce n'est pas comme si j'abandonnais, je ne fais que douter, je ne fais que souffrir.
Il faudrait qu'on m'arrache à cette danse étrange, qu'on me prenne par la main pour me forcer à avancer, mais ce sont des choses qui ne se demandent pas, auquelles je ne peux forcer personne.
Aussi, dans l'incertitude, je préfère choisir mon absence plutôt que la leur...

Lisènn...

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Ecrit par Lisenn, le Dimanche 17 Juillet 2005, 20:54 dans la rubrique "After Time".

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