... Other Song ...
[Je ne savais pas. Je ne savais rien. Et pourtant, j'en ai eu les larmes aux yeux. On croise tellement de vies sans s'en douter, quand j'y pense j'en ai le vertige... Des situations comme celle la où l'on ne trouve pas les mots, parce-qu'on est un personnage étranger à l'histoire. Le chos lorsqu'on s'aperçoit finalement que la toile tissée autour de nos vies s'étend bien plus loin qu'on ne l'avait imaginé... Qu'ailleurs les gens naissent, vivent, et meurent, aussi... Oh, bien sur, on le sait, on nous en a appris les images et les récits, mais souvent on ne réalise pas vraiment...
Non, je ne suis pas capable de rendre hommage correctement à quelqu'un que je ne connais pas, que mon chemin n'a pas croisé... Et pourtant j'aurais voulu...
Parce-que...
Enfin...
C'était si lointain... Et pourtant si proche... L'impression que je n'aurais eu qu'à tendre la main...
Cette impression d'habiter un monde trop grand, bien trop grand pour des petits mains d'enfant qui voudraient tout refaire. Des larmes de petires filles, des larmes d'autrefois, parce-que je n'ai que ça à offrir, des souvenirs que je ne partage pas... Se sentir minuscule, un simple jouet entre des mains qui décident pour nous la route qu'on doit suivre. Un vent qui nous entraîne vers l'inconnu et rien pour nous raccrocher, rien pour pouvoir changer quelque chose... L'impression que l'on ne choisit pas... Impression fugitive que derrière tout ce tourbillon se cache un autre dessein, bien plus immense, bien plus profond.
Et l'on se noie dans ces mers qui ne nous appartiennent pas, dans ces étendues de cristal qui s'étendent à perte de vue et dans lesquelles sont inscrits des milliards de visages sans noms et sans âges, tous silencieux. J'aimerais pouvoir être certaine que tous, les présents comme les absents, auront droit à quelques sourires dans leurs yeux qui ne voient plus toujours, parce-qu'ils le mérient tous...
Chercher quelque part une justice à toutes les larmes tombées...]
Une petite fille en habits bleus. Elle ne sourit pas, ne pleure pas, elle a juste dans les yeux le reflet d'une histoire qu'elle ne devrait pas connaître. Elle marche, traverse silencieusement la pénombre de la nuit qui s'installe, pieds nus dans l'herbe encore humide après la pluie. Elle ne dit rien, ne souffle mot, et même sa respiration timide s'efface dans le murmure des branches qui s'agitent. Elle ne regarde pas son chemin, ses pas savent où la conduire sans qu'elle ait à y penser. Le vent emmêle doucement ses cheveux, et les ramène devant ses yeux. Elle ne les enlève pas. Son regard est perdu dans celui de quelque chose d'invisible, dans un point mystérieux dans l'air qui scintille mais n'existe pas. Un sentiment étrange à fait taire les grillons et a rendu la lune un peu plus rouge, un peu plus grosse que d'ordinaire.
Elle s'agenouille sur le sol mouillé, ses doigts cherchent à tatons, s'enroulent maladroitement autour de quelques tiges et les arrachent doucement. Elle approche les fleurs de son visage, les contemple. Toutes petites fleurs bleues, ou mauves parfois, toutes simples, toutes rayonnantes discrètement. Petites fragiles, délicates. Jolies éphémères aux feuilles douces et aux pétales de soie.
Elle se relève avec précautions, arrange son bouquet improvisé du mieux qu'elle peut, puis l'élève vers le ciel en tremblant un peu.
Là haut, une minuscule lueur, toute faible, vient soudain crever un bout de noir. Elle vacille, comme la flamme d'une bougie à la merci du souffle d'un enfant, semble s'éteindre et puis retourve un peu de vigueur et imprime péniblement sa bulle lumineuse dans un coin du ciel.
Elle entrouvre les lèvres, cherche ses mots, hésite. Enfin, sa voix un peu cassée brise le silence d'un léger chuchotement.
"Tiens... Je ne te connaissais pas, mais...
Elles sont pour toi...
Comme ça, comme toi, avec toi, elles seront belles pour toujours..."
Et dans l'ombre du ciel une nouvelle étoile qui ne s'éteindra plus jamais...
[Peur de blesser en écrivant, de me mêler de ce qui ne me regarde pas...
Seulement voila...
Avoir le coeur lourd pour ce qui ne me concerne pas, c'est tout moi...
Alors pardonnez moi si je n'aurais pas du... J'avais besoin de l'écrire... Cette chose étrange au fond de moi qui fait que j'aurais voulu savoir rendre hommage, même si...
Mais bref.
Je me tais...]
Lisènn...
Ecrit par Lisenn, le Dimanche 26 Juin 2005, 00:04 dans la rubrique "After Time".
Commentaires
funambule
26-06-05 à 00:16
.. Il y a tant de beauté simple dans vos mots
Que n'ayez crainte, Ils ne peuvent être déplacés.
Et vous avez eu raison de les écrire.
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Re:
Lisenn
26-06-05 à 12:14
Merci.. Beaucoup..
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Lissadell
26-06-05 à 11:08
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Re:
Lisenn
26-06-05 à 12:16
Je ne sais pas si je mérite d'être remerciée... Mais en tout cas... Merci à toi, d'avoir dit ça...
En fait, je ne sais pas vraiment quoi répondre...
Alors bon...
Bises...
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