Et mourir en hiver.

... Lettre à [elle] ...

[Sourire... Pas mon idée, de m'écrire à moi-même... Mais en bonne paranoïaque, j'obéis...]

Bonsoir toi...

Je t'écris, puisqu'il faut bien t'écrire, mais par où commencer...

Tu es tellement étrange, on a peur de te blesser, peur de se tromper. Peur de tes réactions, aussi. Peur d'une différence. On hésite, tu correspond trop peu à nos repères. Fragilité ou dureté. Ailleurs ou moquerie...
Six pieds sous terre ou Là haut dans le ciel...
Je te vois vivre, de loin, je croise chaque jour ton reflet dans le miroir et chaque fois je me demande quelle lueur inconnue fait ainsi brûler tes yeux.
Tu me dérive.

Je te vois t'endormir, t'éloigner chaque instant un peu plus d'un chemin déjà tracé, trop creusé par des milliers de pas avant les tiens. Je sais que tu n'aime pas que l'on te fasse la morale où que l'on te dicte la conduite à suivre, et que tu feras exactement le contraire de ce que je vais te dire parce-que c'est dans ta nature, mais je ne perd rien à essayer de te raisonner, ne serait-ce qu'un peu. Et même si mes mots sont voués à une voix sans issue, même s'ils se heurtent à ton mur fissuré, j'aurais au moins tenté quelque chose pour empêcher ton naufrage.

...

Et puis non, finalement, je ne t'écrirais rien. Tu n'en ferais qu'à ta tête, de toute façon, c'est ce que tu fais toujours.
Et puis certainement que tu lis sans même faire attention aux mots, juste pour le plaisir de laisser papilloner tes yeux sur mes lignes maladroites.
Alors je ne perdais pas mes précieuses secondes d'existence à raccomoder ton sourire alors que j'ai le mien à dessiner.
Egoïste, je sais. Tu ne m'en voudras pas. Tu n'en veux jamais à personne.

Je te demande juste, je te supplie, même, de vivre tes rêves. Simplement.
De ne pas te mentir à toi-même comme tu le fais si souvent, de ne pas secouer la tête devant des sentiments pourtant évident. Oh, je ne me fais pas d'illusions, tu continueras à faire comme tu le fais depuis si longtemps, tu continueras à nier aimer qui que se soit.
Peut-être as-tu raison, je ne le sais pas, je ne lis pas dans ton coeur. Il est bien trop fermé.
Peut-être es-tu une enfant de glace qui croise des âmes en simple spectateur.
Mais réfléchis, toi, réfléchis.
Dis-le.
"Je t'aime", deux mots, ce n'est pourtant pas si compliqué.
Si?
Non...
Je t'apprendrais.

Allez, viens..
On s'en va. On a déjà trop tardé.
Tu vois les étoiles là bas? On a une vie qui nous attend.
Allez, viens, on va les voler.

[Elle]

Ecrit par Lisenn, le Mercredi 22 Juin 2005, 20:54 dans la rubrique "After Time".

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