.¤* The Ever Passing Moment *¤.

Il faudrait recouvrir le ciel de mots, de phrases, pour qu'enfin tout s'efface. En écrire sur les murs, sur mes mains, à la craie sur le ciment et à l'encre noire sur les bandes blanches. Barrer mes lèvres de quelques traits pour faire taire la flamme qui s'agite par derrière. Ecrire sur et entre les lignes, sur l'écume et entre les vagues, contre chaque grain de sable brûlé par le soleil. Creuser les dunes pour former des lettres, en repeindre la terre. Ecrire à l'encre de mes yeux pour y imprimer le silence.

Elle a des gouttes accrochées aux cils, repêchées par miracle au moment où elles allaient tomber. Une sorte de vertige au coin du coeur, une réponse à la chanson tragique qui rôde dehors et s'infiltre entre deux barreaux. Une pensée à ne surtout pas exprimer de peur de s'y perdre. Elle tremble...

Assez, assez, assez. Elle déborde. De cris, de larmes, de tout. Une fleur cassée dans une flaque d'eau. [Elle a trop bu.]
Assez... Elle s'est noyée.

Sur ses joues s'élancent des rivières, dans ses yeux règnent des abîmes. Un éclair un peu trop proche, l'équilibre en est à moitié foudroyé. Déjà qu'il en manque une moitié. Brûlée à fleur de peau, elle continue pourtant d'avancer, pas après pas. Mais à qui la faute si elle ne voit plus son chemin? A chaque tournant l'attend une mort qu'elle ne peut deviner. Entre ses mains un soleil à l'agonie, le souvenir d'un sourire pour trouver la force de le porter jusqu'à demain.

Elle, c'est un torrent, un océan à elle toute seule. Enfant du désert marquée à vie par la pluie. Entre ses dunes elle cherche un mirage où se réfugier, un arc-en-ciel dans l'uniformité. Elle, c'est une poussière d'étoile qui s'éteind et s'illumine selon le souffle qui la fait voler. Elle, elle est errance et accoutumance, une dépendance, coeur à nu, qui la traverse de passé à futur. Elle, ça se résume en un prénom, mais elle ne s'appelle pas de peur de croiser son regard et d'y découvrir la frontière de la vie.

Entre ses doigts nait son avenir, au bout sont écorchées quelques années. Elle, c'est ni plus ni moins qu'une goutte d'eau salée sur une peau lisse comme un miroir. Elle, une éclaboussure sur la surface d'argent.

Il lui faudrait une voix pour la tirer de se rêverie glaciale, un contre-temps pour stopper la chute et son vertige.

Mais stop. Les bouts de verre, ça se recolle. Et même défomé, c'est toujours étanche.
Elle contemple en silence. le paysage de l'intérieur... Il est beau quand il est lumineux.
Mais la nuit est calme, enveloppée doucement d'un voile brumeux. Le vol d'un oiseau qui plane au dessus du champs de bataille.

Et tout recommence à la fin, quelques perles au bord des yeux, retenues par miracle.
Elle chante dans sa tête...
Car lorsque le ciel pleure...
Qui sait? Peut-être est-ce de bonheur...

Trois, cinq, huit points de suspension...
Elle a tout à inventer...

Lisènn...

Ecrit par Lisenn, le Lundi 6 Juin 2005, 23:17 dans la rubrique "After Time".

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