.¤* Deliver Me *¤.

Que dire à ces mots qui s'envolent, papillons éphémères qui dansent un instant devant ses yeux 
et puis s'en vont mourir sur d'autres rivages...
Que faire, à genoux devant l'infini vide qui s'étend autour et en dedans, 
suspendue à l'écart du temps comme une vulgaire étoile à l'agonie 
dans un ciel de fin du monde...
Que penser, quand l'horizon s'effondre et s'envole en poussière d'or dans le souffle du vent 
et que la lune rougit, mordue par les cris...
Que rêver, quand le feu dévore les ailes et obscurcit les yeux, quand le coeur s'enflamme sous la morsure des secrets 
et la douceur des promesses...
Qu'espérer, quand tout est joué d'avance, quand les lignes sont déjà tracées, quand dans la nuit grandissent les voix, 
quand au soleil 
s'éloignent des fleurs, quand sous la pluie s'étreignent les ombres...

Silence...

Rien. Tout. Qu'importe... 
Dans leurs yeux elle puise la force de se relever, de leurs mots elle remplit son coeur,
et elle s'enfuit, elle se cache, derrière des sourires, des sourires qui sont vrais parce-que c'est eux mais menteurs 
parce-que derrière tout ça il y a encore autre chose.
Des secrets, des murmures, des histoire... Une histoire...
Des images, des serments, des mains liées, à feu, à sang, liées par la liberté qui ne fait que l'effleurer.
Des chansons, des promesses, des choses futiles entremêlées.

Deliver me, out of my sadness 
Deliver me, in all of the madness 
Deliver me, courage ot guide me 
Deliver me, straight from inside me

Les images se confondent, du soleil naît la lune dans un ciel rougeoyant. 
Dans l'eau, dans l'air, des visages, sans lois, sans limite et sans âge. 
Des enfants, des adultes, ils sont des milliards à inexister, 
des milliards à raconter, des milliards au travers des reflets.
Sur les murs, les portes qui n'existent plus, sur les lèvres et l'écorce des arbres, Il était une fois...
Il était des milliards de fois...
Pour elle, pour elle seule, petite fille au bord de l'eau. Petite fille au visage lointain, aux gestes maladroits.
Doucement, elle enlève la petite fée d'argent qu'elle porte autour du cou, y dépose un léger baiser.
La serre très fort entre ses doigts, la presse contre son coeur. Ses yeux sont troubles, poigants.
Elle lève la main par dessus les flots, regarde un instant la chaîne qui se balance.
Elle entrouvre les lèvres comme pour lui dire adieu, mais les mots ne viennent pas, 
alors elle laisse au vent le soin de porter son message en faisant frémir les gouttes d'eau.
Et puis ses doigts s'écartent, un fugitif éclair argent vient frapper la surface et forme des ronds qui s'éloignent.
Une petite lumière qui tourbillonne et puis s'enfonce... Jusqu'à disparaître... Là bas, tout au fond.
Sur le sable doré, repose une petite fée endormie à jamais, mais qui pourtant rayonne d'une douce lueur...
Elle ne sait pas pourquoi elle a fait ça... Fait disparaître son seul trésor...
Elle voudrait sauter, le repêcher, même si elle doit finir noyée, elle veut rejoindre son étoile...
Elle s'approche, contemple les vagues silencieuses que le vent forme et puis s'avance...
Elle s'enfonce, s'étrangle et voit au dessus d'elle le jour qui disparaît, des bulles qui s'élèvent et puis explosent.
Non, elle ne veut pas mourrir... mais elle tombe, elle tombe, la chute semble sans fin, l'abîme tellement profond...
Elle ferme les yeux pour ne plus voir, elle s'abandonne à l'étreinte glacée...
Mais elle sent sur la main qui a jeté la fée une griffure, et puis soudain elle crève l'eau qui s'était déjà calmée.
On la serre fort, on la berce, on la console, mais elle ne dit rien, n'esquisse plus un geste. 
Elle attend seulement qu'on lui rende sa liberté.
Dans ses yeux règne une lueur de défi qui demande Pourquoi...
Sans répondre, les yeux d'en face lui sourient,
 et puis on dépose au creux de sa main une chaîne d'argent où s'éveille une petite fée aux ailes de lumière.
Parce-qu'il n'était pas encore temps...

Et puis la silhouette s'éloigne, le silence revient. Alors, elle comprend, et puis elle court, elle court, 
glisser sa main dans la sienne...

Mais vous savez, les reines ne pleurent jamais...

Lisènn...

Ecrit par Lisenn, le Samedi 28 Mai 2005, 18:41 dans la rubrique "After Time".

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