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Et mourir en hiver.

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... La lune seule le sait ...

Le regard absent, elle serre la photo entre ses doigts fragiles. Dessus, une petite fille aux longues tresses brunes la regarde en souriant.

 "Ne souris pas, petite fille", a t'elle envie de lui souffler.
"Tu es morte, il y a longtemps, déjà. Le temps t'a arrachée à ce que tu aimais, et pourtant, tu refuses d'enlever de ton visage ce sourire qui n'est plus. Je ne te comprends pas..."
Dehors, la nuit qui tombe s'empare peu à peu de la ville aux murs gris comme ceux d'une prison et enveloppe de rayons de lune les barreaux des fenêtres.
Elle ne se rend pas compte que des larmes lui ruissellent le long des joues. Elle est ailleurs, dans des souvenirs qu'elle aurait pourtant voulu enterrer à jamais.
Elle effleure du bout des doigts les mêmes meubles anciens qui ont brûlé autrefois et s'enroule de nouveau dans les rideaux de velours blanc, un peu poussiéreux, mais si doux qu'elle s'y sent presque aussi bien que dans les bras d'une mère qu'elle n'a jamais eu.
Elle marche dans ces rues pavées d'indifférence qui des années plus tôt ont résonné de ses rires et ses jeux d'enfant.
Elle revoit chaque visage, le dévore des yeux, le front brûlant, le supplie du regard de l'éveiller, de l'arracher à ce cauchemard, mais les visages froids ne s'animent pas, ils s'effacent, remplacés par d'autres, tout aussi immobiles.
Elle tend la main sur ces silhouettes qu'elle connaît par coeur, elle les supplie de l'emmener, mais aujourd'hui, ils ne se retournent plus, ils ne la voient même pas, ils se fondent dans le brume et la laissent seule, petite poupée de porcelaine brisée sur le béton détrempé.
Et peu à peu, elle sent une douleur profonde, mordante, s'emparer de son coeur qui se bat avec violence contre la glace qui tente de l'immobiliser. Elle voudrait fermer les yeux, s'endormir et ne plus se réveiller, plus jamais.

Mais au lieu de cela, ce sont les contours sombres de la réalité qui se dessinent devant ses yeux ourlés de larmes. Elle n'est plus entourée que de silence, les murmures rassurants de ceux qui veillaient sur elle sont partis eux aussi vers un éternel lointain, inaccessible.

Elle voit à travers le sourire de l'innocente enfant sur le papier glacé une lueur qui la nargue. Ce sourire qui refuse de s'éteindre insinue dans ses pensées une désagréable impression de mensonge, de désillusion, de vide autour d'elle et en elle. Personne ne viendra l'entourer de ses bras et la réchauffer, personne ne la protégera contre les assaults cruels du temps.

Alors elle s'empare des ciseaux, et elle lacère le visage immobile, elle crève de la pointe les yeux trop heureux, elle ne veut plus voir cette trace d'un passé qui n'est plus et ne renaîtra jamais. Elle strie le papier coloré jusqu'à ne plus laisser que des fragments trop petits et trop âbimés pour y voir une image. Elle dépose au creux de sa main ces seuls vestiges de l'enfant aux tresses brunes qui continue de sourire, même réduite en poussière.
Elle s'approche des hautes flammes orangées qui dévorent les bûches d'une cheminée en pierre, mais ne la réchauffent plus, et elle y jette ce trésor si douloureux. L'enfant est morte, maintenant. Elle ne reviendra plus.

Elle se laisse tomber au sol et sanglote comme l'aurait fait une petite fille, le mascara se répand en traces noires sur ses joues et la nuit s'empare peu à peu de la pièce sans qu'elle n'esquisse un seul mouvement pour faire renaître la lumière.

Pendant des heures, elle reste ainsi prostrée, incapable de se calmer.
Et quand, enfin, ses larmes se tarissent, l'aube pointe déjà à l'horizon et redonne à la pièce un semblant de clarté. Lorsqu'elle relève la tête, seuls ses yeux rougis et les marques noires sur ses joues pourraient la trahir. Son visage est calme, distant. Elle paraît adresser une prière muette, embrasse la petite fée d'argent qu'elle porte autour du cou sur une fine chaîne brillante, et puis si dirige lentement vers la porte. Elle sait ce qui lui reste à faire...

[Mais ça, la lune seule le sait...]

[Petite fille...]

Ecrit par Dark-ever, le Vendredi 1 Avril 2005, 22:44 dans la rubrique "After Time".

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Commentaires

[La Lune seule l'a entendue]

pierredelune

01-04-05 à 22:53

Comment porter autant de tristesse ? ce devrait être interdit. Les étoiles sont en grêve ou quoi ?
Le sourire, remède de tous les maux dit-on. C'est vrai qu'on oublie ce qu'ils peuvent de faire de " mal "... Seulement. La lune ne sait pas tout... je crois.


Re: [La Lune seule l'a entendue]

Dark-ever

Dark-ever

01-04-05 à 22:58

La lune ne sait pas tout... Mais elle entend ceux qui lui parlent...

Je ne sais pas si les étoiles sont en grève, mais en tout cas, elles ne sont pas là...

[Hum... je délire un peu, peut-être...]

Bises

[...]


osway

osway

02-04-05 à 20:09

Cherchez maintenant , sans introduire l'anecdote, des varaintes personnelles.....


BetaDine

BetaDine

03-04-05 à 17:48

Dark, je te dois de répondre.....

Mais ils sont de ces articles qui nous laissent sans choix que de se taire....


AEndorwa

AEndorwa

08-04-05 à 20:48

Son coeur est sec, n'en reste qu'un abîme dans lequel se jeter et tomber sans fin, car tous ceux qu'elle aimait ont disparu, happés par le temps


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